CANADA, UNE VOLONTÉ DE RECYCLAGE ENCORE INSUFFISANTE

 « A l’occasion de la journée mondiale du recyclage qui s’est déroulée le 18 mars, nous vous proposons de découvrir comment cela se passe dans trois pays différents. Aujourd’hui, dernier pays de cette série : le Canada. »
 

Dixième puissance économique mondiale, le Canada est l’un des plus gros producteurs de déchets dans le monde. Malgré les nombreuses politiques de tri sélectif et une volonté de recyclage, les résultats restent insuffisants aux yeux des organisations internationales.

‘LE CANADA, RESPONSABLE DE 2% DES DECHETS DE LA PLANETE’

Selon la Commission de l’écofiscalité du Canada (CEFC)*, un Canadien produit près d’une tonne de déchets. Ce qui fait du pays le champion de la production de déchets par habitant au sein de l’OCDE. C’est dix fois plus que dans certains pays du continent africain, par exemple.

Des chiffres dus, selon les experts, à la surconsommation de la population canadienne, surtout des objets à usage unique (pailles, gobelets…)

« UN CANADIEN PRODUIT PRES D’UNE TONNE DE DECHETS. CE QUI FAIT DU PAYS L’UN DES CHAMPIONS DE LA PRODUCTION DE DECHETS PAR HABITANT AU SEIN DE L’OCDE »

Des quantités de déchets que les sites d’enfouissement et centres de traitement du Canada peinent aujourd’hui à gérer. Le pays est souvent obligé d’exporter ses déchets vers les pays émergents.

Une solution qui pourrait bien s’arrêter. De plus en plus de ces pays refusant désormais d’accueillir les déchets venant d’ailleurs.

 ‘LE TRI SÉLECTIF EN CRISE APRES 30 ANS’

Aujourd’hui, le Canada recycle 55% de ses déchets.

Les premières poubelles de tri sélectif ont été mises en place à la fin des années 80. Et même si la majorité de la population canadienne est aujourd’hui consciente de l’importance du tri, les mauvaises habitudes sont dures à changer.

Car le principal problème du Canada aujourd’hui c’est “la contamination“ des produits recyclables.

Cela concerne les déchets non recyclables qui se retrouvent dans le système de recyclage. Un fond de beurre de cacahuète au fond d’un pot, un pot de yaourt mal lavé, le papier étant contaminé, il sera invendable et finit donc à la décharge. A Toronto, le taux de contamination est de 26%, à Montréal, il est de 7,5%.

Cette réalité coûte, chaque année, des millions d’euros.

 ‘LE PLASTIQUE, L’AUTRE FREIN AU TRAITEMENT DES DECHETS’

L’évolution du mode de vie et de la consommation fait que le plastique est désormais partout.

Au Canada, l’exemple qui représente le plus ce problème est celui d’une chaîne de restauration. Alors qu’elle encourageait ses clients à jeter leurs gobelets dans les poubelles pour papier, les médias ont révélé que la compagnie ne les recyclait pas.

Les gobelets finissaient plutôt dans des décharges, en raison de bouts en plastique qui les rendaient difficiles à traiter par les programmes de recyclage de cartons-papier en place.

Selon les estimations, les Canadiens utiliseraient près de 2 milliards de gobelets de ce genre chaque année. Ce qui représente plus de 35 000 de tonnes de papiers non réutilisables.

En tout, seuls 11% du plastique produit au Canada est recyclé. Le reste finit incinéré ou dans des décharges.

Canada, recyclage des gobelets

 ‘DIMINUER LES DÉCHETS PRODUITS D’ICI 2040’

Le Canada s’est récemment engagé à réduire ses déchets de moitié d’ici 2040 et à recycler au moins 75% de son plastique d’ici 2030.

Pour cela, une série de mesures ont été adoptées ou sont à l’étude afin de réaliser ces objectifs :

– Plusieurs provinces étudient l’interdiction de produire du plastique non recyclé. Un système de responsabilité est également envisagé afin que les entreprises qui vendent des produits emballés dans du plastique s’assurent qu’il soit recyclable.

– Pour inciter les citoyens et les entreprises à produire moins de déchets, certaines provinces pourraient adopter des mesures du “Payez pour ce que vous jetez“. Dans certaines villes, cela pourrait permettre d’économiser plus de 5 millions d’euros.

– Construire plus de centres de recyclage et de compostage. Aujourd’hui, le Canada compte 2400 décharges et en raison des bas prix liés à l’enfouissement, de nombreuses régions préfèrent recourir à ce moyen pour gérer les quantités importantes de déchets.

– Pour faire baisser le taux de contamination des déchets recyclables, les autorités canadiennes misent sur la sensibilisation des citoyens pour qu’ils trient mieux leurs déchets. Les centres de tri devraient également être équipés de nouvelles machines (notamment des robots dotés d’intelligence artificielle, en test pour le moment).

 

‘DES ENTREPRISES ADOPTENT L’ECOCONCEPTION POUR PRODUIRE MOINS DE DECHETS’

Concevoir les produits de façon plus éco-responsable pour réduire leur empreinte. De plus en plus d’entreprises canadiennes se tournent vers de nouveaux processus : matériaux plus facilement recyclables, circuits courts, méthodes de production moins énergivores …

Une société de production d’emballages pharmaceutiques a notamment décidé de remplacer le polystyrène des fioles de médicaments par des matériaux 100% recyclables. Leurs nouvelles fioles contiennent 35% moins de matière première et leur production nécessite 55% moins d’électricité.

Sachant que les Canadiens utilisent 150 à 170 millions de fioles de médicaments chaque année, cela représente d’importantes quantités de déchets parfois difficiles à trier et recycler.

* Commission de l’écofiscalité du Canada réunit plusieurs experts indépendants travaillant pour plusieurs universités canadiennes. Rapport publié en octobre 2018.

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